Février : la taille des fruitiers c'est maintenant ...
La taille... le dialogue avec son arbre à « bourgeons rompus »
Quand on ne maîtrise pas les techniques de l'arboriculture, on est vite désemparé à l'approche d'un arbre fruitier que l'on veut tailler. Le jardinier amateur sécateur d'une main, bouquin de l'autre est rapidement désorienté. Il ne sait pas trop où couper.
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L'idéal c'est d'être guidé par quelqu'un qui vous indique sur quel organe, à quel endroit précis il faut intervenir. Il est nécessaire de pouvoir reconnaître, au premier coup d'œil, les éléments végétatifs répartis autour de la charpente
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tels que les gourmands, les coursonnes (rameaux fructifères), les yeux à bois, les dards, les brindilles simples ou couronnées (*).
Votre taille sera efficace et la future récolte assurée si vous savez différencier les organes produisant du bois (ou des feuilles) des autres portant en eux la fertilité. Rien de plus simple que de découvrir un bouton à fleurs ; puisqu'il est en capacité de procréer, il est gonflé d'hormones et ses écailles ont un aspect duveteux. Si vous n'êtes pas sûr de vous, attendez que le printemps approche vous y verrez plus clair.
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La nature a mis en place un système qui oppose vigueur et fertilité.
Le développement des organes végétatifs, bois, feuilles et ceux destinés à la reproduction
tels que les fleurs, fruits, se concurrencent entre eux.
Les hommes ont compris qu'il fallait composer avec cette antagonisme par la taille et l'adaptation du porte-greffe à la forme et à la variété choisie. Autrement dit une grande vigueur entrainera l'arbre à produire du bois pendant 12 à 15 ans et à s'ériger jusqu'à l'âge de sa maturité pour fructifier ; alors qu'un arbre greffé sur un porte-greffe nanifiant se chargera dès la troisième année des ses premiers fruits portés sur une ramure assez légère.
N'oublions pas qu'un arbre est un sujet vivant, doté d'une double circulation de sève ; la sève brute (eau, sels minéraux) qui monte, le sève élaborée qui redescend depuis les feuilles jusqu'aux racines en distribuant : hydrates de carbone, hormones et minéraux à tout le tissus végétal. L'action de tailler va perturber ce système et créer un reflux, canaliser la sève élaborée vers des yeux, des dards dont certains se mettront à fleur.
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Quand la fructification est assurée par votre travail de l'année précédente,
on choisit le bouton à fleurs le mieux placé (à droite), on élimine les autres.
La taille amènera le maximum de nourriture aux fruits qui vont croître.
Ne pas laisser les lichens sur vieux bois
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L'action de tailler à un double but:
Pour un arbre dans sa jeunesse c'est de modifier la forme naturelle de sa ramure par une taille de formation sur la charpente. Pour un arbre mature, c'est intervenir avec discernement sur les charpentières fructifères en raccourcissant les coursonnes par une taille de fructification. La lumière solaire, la circulation de l'air favorisent la croissance de tous les organes du fruitier. De plus les insectes, champignons, bactéries auront du mal à s'installer sur des feuilles en pleine lumière et agitées par le vent.
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On pratique tous les deux ans sur un plein-vent une taille d'entretien en supprimant
au pied les drageons en provenance du porte-greffe, dans la couronne on élague le vieux bois.
Il est bon de supprimer des branches pour aérer, mais aussi parfois de remplacer le sécateur par du fil
en créant par exemple une arcure (cintrage en arc de cercle d' un gourmand) que vous allez orienter vers l'extérieur.
La taille de rénovation, délicate ne réussissant pas sur toutes les espèces fruitières.
Elle se pratique l'hiver pour les fruitiers à pépins avec une très bonne scie.
Les coupes doivent-être franches, sans chicots, le plus près possible du tronc.
Les poiriers supportent bien la taille de rénovation, même si elle est sévère,
ils repercent des bourgeons facilement.
A vos sécateurs, rentrez dans vos arbres et souvenez-vous de ce principe,
qu'un arbre de faible vigueur se taille court et tôt en début d'hiver,
alors qu'un arbre vigoureux se taille long et tard jusque dans une période proche du printemps.
(*) brindilles couronnée plus ou moins longues qui se terminent par un bouton à fleurs
Claude OLLIVIER
Les Photos Yves Rainisio et H Fourey 02 / 2011 Tous droits réservés
Auteur : Claude Ollivier Texte publié dans le Magazine le Républicain de l' Essonne Février 2011, sous la rubrique Jardin.