Septembre c'est le mois des POIRES
La poire sous toutes ses formes...
Il faut se rendre à l'évidence, la culture du poirier est en régression dans nos jardins. Pourtant la poire, fruit d'excellence est encore considérée pour beaucoup comme étant le fruit parfait, le meilleur du jardin.
Le poirier est fertile, beau lorsqu'il atteint sa maturité avec sa forme naturelle pyramidale. Sa floraison précoce d'un blanc éclatant accueille bourdons et les abeilles dès le début mars.
Sa culture est aisée en palmette et sa mise à fruits est rapide à condition qu'il soit greffé sur cognassier. Il n'est pas auto-fertile, les pépiniéristes (*) ne manqueront pas de vous indiquer les poiriers pollinisateurs recommandés.
En Essonne, lorsque le printemps est humide, le poirier souffre d'attaque régulière d'un champignon, la rouille grillagée, dont les spores proviennent d'arbustes d'ornement infectés de la famille des Juniperus, les genévriers.
En avril/mai apparaissent de petites taches orangées qui grossissent pour devenir comme des pustules avec prolongements au verso du limbe. Si l'attaque est sévère, le poirier est affaibli par le manque de photosynthèse, les feuilles peuvent tombées, dès fin juillet.
Pour les protéger, les pulvérisations à base de décoction de prèle sont efficaces en action préventive et curative. On peut les pratiquer tous les 12 à 15 jours après la floraison et prolonger jusqu'à fin juin.
Les traces peuvent apparaitre sur le dessus et le dessous des feuilles ainsi que sur les pédicelles.
Des poires pour tous les goûts.
La poire se prête à de multiples usages culinaires crue ou cuite, elle peut-être confite, séchée.
En tajine associée au coing, elle fait merveille. Son jus abondant permet la fabrication du fameux poiré.
Par la distillation de poires mûres et entières les alsaciens obtiennent des alcools réputés, notamment avec la Williams.
Les nombreuses variétés offrent une large plage de maturité de l'été jusqu'au coeur de l'hiver.
La première récolte à lieu fin juin : poire de la Saint-Jean ;
juillet/aout : Beurré Giffard, Jules Guyot ;
aout/septembre : les Williams , Beurré Hardy, Grand Champion ;
septembre/octobre : Louise Bonne d'Avranches, Conférence, Beurré Superfin, Beurré Clairgeau , Jeanne d'Arc, Duchesse d'Angoulème ;
puis les poires que l'on surveillera au fruitier tout l'hiver. : Doyenné du Comice, Curé, Comtesse de Paris, Catillac, Passe-Crassane, Rousselet de Reims.
Duchesse d'Angoulème |
Beurré Clairgeau |
Beurré Superfin
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Conférence
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Pour les décrire, le vocabulaire de pomologie (**) est riche de mots imagés. Les anciens disaient que les poires étaient bavardes.
Voyons d'abord leurs formes : sphérique, ventrue, ronde, oblongue, turbinée, ovoïde, calebassée.
La gamme de couleurs est étendue, passant du jaune pâle, au vert puis au bronze foncé.
Certaines des poires sont « lavées » d'orangé, parfois striées et quelques rares enrobées de rouge et de carmin.
(**)Pomologie :
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A la dégustation, certaines poires possédant la finesse de chair, une eau parfumée abondante, le fondant, le beurré ont contribué à la réputation d'excellence de ce beau fruit. (*) Je vous communiquerai dans la parution de début novembre, les adresses de pépiniéristes possédant les meilleures poires anciennes cultivées. |
Où acheter des poires ?
Au Potager du Roi à Versailles 10, rue du Maréchal Joffre de 10h à 13h .
Williams, Beurré Hardy, Louise Bonne d'Avranches, Conférence, Doyenné du Comice,
Passe Crassane, plus parfois, les poires issues des 135 variétés de poiriers de la collection.
Les brûlures de l'été !
Les poires de forme oblongue échappent au phénomène.
Suspendues dans le prolongement de leur pédicelle, les rayons solaires au zénith, les « caressent » obliquement.
Par contre, les pommes par leur forme sphérique souvent côtelée et leur position sur les branches, sont abimées. La sécheresse, raréfiant l'humidité de l'air, permet l'augmentation de la température à l'impact des rayons U.V. et infra-rouges émis par le soleil. De plus, la couche d'ozone perturbée par l'effet carbone, est moins efficace pour notre protection aux rayonnements. |
Le poiré
Spécialité du Domfrontais en Basse-Normandie, ce breuvage traditionnel est fabriqué
avec une méthode similaire qui transforme les pommes en cidre.
Le poiré se caractérise par une robe brillante à peine dorée, les bulles son fines
et font apparaître dans le verre, pour les meilleurs, un disque de mousse crémeuse.
Peu alcoolisé ( 5°, néanmoins à boire avec modération), c'est une boisson délicatement acidulée et fruitée,
parmi les plus agréable à boire à l'apéritif ou au dessert.
Dans des prés-vergers, on ramasse sous des poiriers cultivés en haute-tige,des poires de variétés anciennes : Plant de blanc, Fausset, Court cou. Ce sont des arbres majestueux, maintenant protégés, offrant chacun, chaque année, plus de deux tonnes de poires.
Ils peuvent vivre 300 ans ; un siècle pour grandir, un pour produire, un pour mourir ! selon un adage local.
Le Rousselet de Reims
Peu de fruits sont liés historiquement avec une ville, on connait la relation entre New.York. et la « grosse pomme » Big Appel. Les émigrés y débarquaient de préférence aux autres ports, l'immense citée avait la réputation de permettre à quiconque de trouver du travail et de se nourrir..... d'avoir une part de la « grosse pomme ». A Reims, la poire Rousselet ( voir dessins) est offerte encore de nos jours, lors de la réception de bienvenue des V.I.P. à l'Hôtel de Ville. |
D'après Jean-Paul Machetel homme de lettres rémois :
"La coutume voulait en effet que tous les rois venant se faire sacrer à Reims reçoivent une corbeille de poires de Rousselet et une coupe de vin de champagne. Reims était fière de sa poire de Rousselet à la peau verte tachetée de gris jaunissant fin août avant de virer au rouge brique lorsqu’elle atteignait pleine maturité. Sa délicatesse et son parfum incomparable promettaient d’entrer dans l’Histoire. Déjà, la célèbre et ravissante maîtresse de Charles VII, Agnès Sorel, raffolait de ce fruit. Quant à Louis XIV, s’il fit bien des conquêtes , la poire de Rousselet resta la favorite du Roi Soleil."
Photo Yves Rainisio
Auteur : Claude OLLIVIER ollivierclaude@orange .fr